Astrophotographie : la monture équatoriale pour de superbes photos de la voie lactée.
Dans le précédent post, je vous parlais de photos de voie lactée, de bruit et comment empiler plusieurs photos prises les unes à la suite des autres permettait de diminuer ce bruit.
Si cette technique permet d’améliorer grandement la qualité de vos astrophotographies, elle a une limite : le temps de pause maximum avant que les étoiles ne s’étirent et forment de petits traits lumineux sur la photo à la place de point.
Pour une focale de 16mm je ne dépasse pas les 15 secondes de pose, 10 secondes avec un 24mm.
Mon seul recours pour capturer plus de lumière est donc d’utiliser un objectif plus lumineux ce qui pose quelques problèmes : ils sont plus gros, plus lourd et surtout plus cher.
Mais depuis quelques années, il existe une nouvelle solution : la monture équatoriale “de voyage” !
Ces instruments existent depuis très longtemps en astronomie et leurs dimensions leurs permettent de porter de gros télescopes. Elles pèsent donc facilement plus de 10kg et ne rentre pas dans le sac photo… Pas pratique pour grimper au sommet d’une montagne donc !
Mais, avec la démocratisation du numérique, de plus petits modèles sont apparus sur le marché, permettant de porter entre 2 et 5kg de matériel, parfait pour prendre des beaux paysages avec la voie lactée.
Comment ça fonctionne ?
Les petites montures - ici une Star Adventurer Mini - se composent d’une base équatoriale qui se visse au trépied, de la monture elle-même qui se fixe sur cette base, d’un viseur polaire et d’une platine pour installer l’appareil photo.
Le moteur présent dans la monture va faire tourner l’appareil autour d’un axe et si cet axe est le même que l’axe de rotation de la Terre, l’appareil photo pourra suivre le mouvement des étoiles permettant des temps de pose de plusieurs minutes sans filé.
En pratique, il faut effectuer une “mise en station” de la monture équatoriale :
assembler tout les éléments de la monture ensemble et l’installer sur le trépied mis à niveau.
régler la latitude sur la base équatoriale en fonction de l’endroit où vous trouvez sur Terre. Pour moi, en France, c’est 45°.
trouver l’étoile polaire dans le ciel (si vous êtes dans l’hémisphère nord) et dirigez la monture vers elle. Vous devez la voir dans le viseur polaire.
A ce stade, vérifier l’horizontalité et la stabilité du trépied. Si la monture penche, cela faussera la mise en station.
Avec les trois visses présentent sur la base équatoriale, placez l’étoile polaire dans le cercle du viseur (et non au centre !). Pour savoir où la placer, vous pouvez vous servir de l’application mobile skywatcher.
Allumez la monture, prenez une pose de 30 secondes et observez la photo. Si les étoiles forment des traits, retoucher la mise en station. Si elles apparaissent comme des points, tenter une pause de 2 min. Si le résultat est toujours bon, votre mise en station est réussie !
A partir de là, manipuler le matériel avec précaution, un tout petit choc pouvant dérégler la mise en station.
Cadrez la zone du ciel que vous souhaitez photographier et réglez votre temps d’exposition. Pour cela, regardez l’histogramme, l’idéal étant de le placer dans le tier droit sans saturer les hautes lumières. Ce temps d’exposition va dépendre de vos réglages (ouverture et sensibilité) mais aussi de la pollution lumineuse présente. Plus votre ciel est noir plus vous pourrez poser longtemps sans que de grosses zones jaune/orange n’apparaissent sur l’image.
J’ai pu obtenir des temps de pause jusqu’à 4 minutes au 24mm avec un ciel bien noir mais parfois je dois me limiter à une minute.
Les avantages de la monture :
Plus la pause est longue, plus la quantité de lumière atteignant le capteur est importante. Une pause d’une minute enregistre 4 fois plus de lumière qu’une pause de 15 sec. Cela améliore le rapport signal / bruit et permet de capturer des détails et couleurs impossible à avoir autrement.
De plus vous n’êtes pas obligé d’utiliser des objectifs très lumineux : effectuer des pauses de 2 minutes pendant 20 minutes avec un objectif fermé à f5,6 ou f4 puis les empiler donnera un très bon résultat. L’objectif du kit peut donc faire l’affaire !
Et les inconvénients :
Cela fait un équipement en plus dans le sac, qu’il faut acheter, porter et installer. La première fois, j’ai mis 30 minutes à effectuer une mise en station correcte, maintenant j’y arrive en 5 minutes. Mais la progression est rapide et en quelques sorties, les automatismes arrivent.
La monture faisant bouger l’appareil, les étoiles sont nettes mais le sol sera flou ! Il vous faudra donc prendre vos photos du ciel puis éteindre la monture et prendre les photos du sol (ou l’inverse…) et assembler ensuite les deux parties dans votre logiciel de traitement.
Ce n’est donc pas de la photo “rapide”, une séance peut vite prendre plus de 30 minutes et si vous changez d’endroit, la mise en station sera à refaire.
L’idéal est de planifier la photo à l’avance, une application comme Stellarium permettant de déterminer la date et l’heure auxquelles la voie lactée ou tout autre étoile sera présente dans votre composition.
Est ce que ça en vaut la peine ?
Oui !! En contrepartie du bazar technique et du temps passé à le régler, vous obtiendrez un ciel avec plus de détails, de nuances et de couleurs. La texture de la voie lactée apparaitra beaucoup plus clairement et vous pourrez pousser votre traitement un peu plus loin car vous aurez plus de matière pour travailler et moins de bruit.
Est qu’un objectif très lumineux est utile avec une monture équatoriale ?
Qui peut le plus peut le moins !
Un 24mm f1,4, laissant entrer quatre fois plus de lumière qu’un 24mm f2,8, vous permettra des pauses plus courtes à même exposition (ex : 1 minute au lieu de 4), ce qui permet de prendre une photo différente plus rapidement.
En pratique, avant d’avoir le 24mm f1,4, je n’avais pas d’objectif plus lumineux que F2,8 et j’ai tout de même fais des photos, parfois même en fermant à F4 pour améliorer un peu la qualité d’image dans les coins !
Si cet article vous à plus, n’hésitez pas à m’en faire part en commentaire et bonnes photos d’étoiles !
Photographier la voie lactée avec un objectif peu lumineux ?
(Mise à jour du 24/04/2021)
Pour l’exemple, j’ajoute une photo prise à F5,6, la même luminosité maximum de beaucoup d’objectifs vendus en kit avec l’appareil. Plus de détails sur la prise de vue en suivant ce lien !
Donc, pour la photo de ciel nocturne et performances optiques mises à part, il est plus intéressant de dépenser 300€ dans une monture équatoriale que 1000€ dans un grand-angle très lumineux, vous obtiendrez de meilleurs résultats ;)