Photographier la salamandre tachetée.
Présentation de Salamandra salamandra terrestris
La salamandre tachetée est un amphibien de la famille des urodèles, comme ses cousins les tritons. Noire à tâches jaunes, mesurant entre 15 et 20 centimètres de long à l’âge adulte, elle peut vivre plus de 15 ans. C’est un animal attachant, qui, avec sa « bonne bouille » a toujours l’air de sourire. Elle se déplace lentement, faisant de nombreuses pauses durant lesquelles elle reste immobile.
Trouver la salamandre tachetée
« C’est un amphibien fréquentant essentiellement les bois de feuillus humides, jusqu’à 2350 mètres d’altitude. La présence d’eau lui est indispensable, c’est pourquoi elle est absente des bois à sous-sols filtrants et acides. L’habitat terrestre de l’adulte est rarement situé à plus de 100m de l’habitat aquatique de la larve. » Source : Les amphibiens de France, Belgique et Luxembourg. Parthénope Collection.
Cycle de vie de la salamandre
La période de reproduction a lieu au printemps comme chez la plupart des amphibiens. Les accouplements ont lieu sur la terre ferme et non dans l’eau. Contrairement à ses cousins, la salamandre tachetée ne pond pas d’œufs. Les larves se développent à l’intérieur de la femelle qui met bas à demi-immergée. Mauvaise nageuse, elle évite les eaux trop profondes. Les noyades sont d’ailleurs fréquentes en cas d’inondation.
Les larves, mesurant quelques millimètres de long sont reconnaissables à leurs tâches jaunes à l’arrière de chaque patte. Elles passeront de 2 à 7 mois dans l’eau, se nourrissant de micro-invertébrés. A l’émergence, la jeune salamandre ne mesure que quelques centimètres mais présente déjà les couleurs caractéristiques de l’espèce. Elle atteindra l’âge adulte entre 2 et 6 ans et pourra vivre jusqu’à 20 ans.
En dehors de la mise bas, la vie de la salamandre est terrestre et essentiellement nocturne bien qu’elle puisse sortir de jour en cas de pluie.
La salamandre : un animal menacé.
La salamandre tachetée est un animal très vulnérable face aux actions d’origine anthropique. Destruction et fractionnement de son habitat sont les causes majeures de son déclin et de celui des amphibiens de manière générale. La circulation routière est à l’origine de nombreuses disparitions de salamandres. Il y a moins de dix passages de voitures par jour sur la petite route forestière que j’emprunte pour aller leur rendre visite et pourtant je trouve régulièrement une salamandre ou un crapaud écrasé. Il est facile d’imaginer l’impact d’une route plus importante dépourvue d’aménagements spécifiques permettant le passage de la faune.
Heureusement pour elle, la salamandre tachetée a peu de prédateurs naturels. Sa coloration vive avertit ses ennemis potentiels de sa toxicité. Attaquée, elle libère en effet une substance toxique, le samandarin. Le prédateur, un renard par exemple, la recrachera alors immédiatement.
Rechercher la salamandre
L’activité essentiellement nocturne de l’animal ne facilite pas sa découverte. La rechercher de jour sous la pluie ou soulever les grosses pierres et les troncs d’arbres morts reste assez aléatoire. Le plus efficace est de se rendre sur le terrain de nuit après une journée pluvieuse. A l’aide d’une lampe torche, il faudra éclairer les berges des mares, les zones moussues, les tapis de mousses… Si le lieu est peuplé de salamandres, vous ne tarderez pas à en trouver une.
La prospection doit se faire avec la plus grande attention car les salamandres ne sont pas les seuls amphibiens à fréquenter les bords de la mare. Les températures très douces du début du mois de mars ont par exemple fait sortir tous les tritons palmés de leurs abris. Ayant quitté leur sommeil hivernal, ils migrent en nombre pour rejoindre l’eau. Leur petite taille et leur couleur marron-beige font qu’ils sont difficiles à repérer parmi les feuilles mortes et contrairement aux grenouilles et autres crapauds, ils ne peuvent pas s’éloigner du danger en bondissant.
Il est très important que le taux d’humidité soit élevé. A température égale, il m’est arrivé de trouver une dizaine de salamandres ou aucune suivant qu’il ait plu dans la journée ou non.
Photographie et matériel nécessaire.
Reflex ou compact, l’essentiel est de pouvoir commander des flashs déportés de préférence sans fil. Le reflex sera plus pratique car il pourra accueillir différents types d’optiques mais un compact doté objectif lumineux et d’un bon mode macro permettra aussi de rapporter de bonnes images.
Un objectif macro sera bien sûr utile pour les gros plans. Choisissez de préférence une focale assez longue qui facilitera l’éclairage du sujet (moins de risque de créer des ombres portées avec le pare soleil).
Un objectif grand angle voire très grand angle montrera la salamandre dans son environnement forestier. Pour cela, j’utilise le zoom fisheye tokina 10-17mm qui permet une mise au point rapprochée à 14 cm du sujet.
Un ou plusieurs petit trépieds seront utiles pour positionner les flashs déportés mais ils pourront aussi être placés à même le sol, sur une branche… Je me sers des petits flashs nikon sb-r200 commandés par un sb-800.
Des lampes de poches sont indispensables pour la prospection, la mise au point et l’éclairage. J’utilise une lampe torche puissante de longue portée pour la recherche des salamandres et une lampe frontale pour la mise au point et l’éclairage de la scène. Je complète ce matériel par un snoot bricolé avec des pailles noir et du carton.
Enfin, dernière source d’éclairage : les phares de la voiture, utilisés pour photographier les salamandres traversant le route (conduite à vitesse d’escargot de rigueur !!).
Cependant selon les individus, elles supportent plus ou moins bien les éclairs des flashes, parfois seulement un, parfois plus d’une dizaine. La séance s’arrête donc dès que la salamandre se met à bouger. L’animal est certes lent mais décidé et il faudra alors sans cesse repositionner flashs et boitier pour suivre ses déplacements. Il vaut mieux dans ce cas partir à la recherche d’une autre salamandre.
Enfin, comme pour de nombreux styles photographiques, n'oubliez pas de vous mettre à hauteur du sujet ;)