Comment obtenir un beau flou d'arrière plan en macro !


En macro et proxy-photographie, l’arrière-plan joue un grand rôle dans la photo : il peut mettre en valeur le sujet sans en détourner l’attention en apportant de belles couleurs, une touche graphique, des jeux de lumière ou tut cela à la fois. Il peut aussi donner des informations sur le sujet, son milieu et son mode de vie.

Dis autrement, pour réaliser une photo "artistique” (et pas à but uniquement naturaliste), un sujet magnifique avec un arrière-plan encombré et distrayant à moins de chance de séduire l’oeil qu’un sujet plus commun avec un arrière-plan le mettant en valeur.

Alors comment obtenir ce bel arrière-plan qui transforme une photo macro en très belle photo macro ? Quelles sont les meilleurs conditions et quels réglages utiliser pour l’obtenir ? C’est ce que nous allons voir dans cet article !


Note : le rendu d’une photo et de ses différents plans est très subjectif, puisqu’il s’agit d’une démarche artistique. L’idée de cet article n’est pas de définir ce qui est “beau” ni ce qui ne l’est pas mais de donner des conseils pour obtenir différents types d’avant et d’arrière-plan, si possible, celui que vous souhaitez :)


La lumière

C’est la composante numéro 1 d’une photo ! Douce ou dure, de face, de coté, à contre-jour, par dessus… suivant l’éclairage de la scène, l’arrière et l’avant plan seront très différents.

  • Une lumière douce, venant d’un ciel nuageux par exemple, donne des transitions de couleurs subtiles et des ombres légères, offre un meilleur rendu des détails très fins.

  • Une lumière dure crée des contrastes important, des zones très brillantes qui attirent l’oeil et des transitions de couleurs plus brutales.

  • Une lumière forte en contre jour dessine nettement les contours et crée un effet de silhouette ou d’ombre chinoise.

  • Une lumière latérale donne du relief, fait ressortir les textures et peut aussi créer des contrastes importants.   

Voici trois exemples de lumières très différentes, rencontrées dans la nature, sans éclairage artificiel ni diffuseur :

  • Le papillon Greta oto était éclairé par une lumière très douce, filtrée par les nuages puis les feuillages des arbres. Les transitions de ombre - lumière et de couleurs sont douces et nuancées.

  • L’azuré est un exemple de contre-jour extrème sur fond de soleil couchant. Seuls les contours du papillon et des herbes sont visibles.

  • Le morpho était éclairé par une lumière dure, passant entre les feuilles. Elle l’éclaire devant un fond sombre, ce qui le fait ressortir dans l’image, mais elle crée aussi des reflets importants sur les feuilles, notamment sur le bord gauche. Cette fougère floue et brillante étant très distrayante pour l’oeil, j’ai recadré la photo finale pour l’éliminer.

Si la lumière ne vous convient pas, il est possible de la modifier en utilisant un diffuseur, un réflecteur ou un flash pour atténuer une lumière forte ou éclairer un sujet en contre-jour. Mais cela n’est pas possible avec tous les sujets : avec une fleur par exemple, comme l’orchidée ci dessous, c’est parfait. Mais avec un sujet farouche, déployer un réflecteur ou placer un flash près de lui est plus difficile ;)

Connaitre son sujet et son mode de vie peut aider. L’azuré ci-dessus s’est posé pour la nuit et ne volait plus depuis au moins 20 minutes. C’est un comportement fréquent chez les papillons et j’ai pu, très lentement, pousser quelques herbes génantes. Placer un flash sur trépied ou un réflecteur aurai été possible.

Pour les deux autres papillons, photographiés en pleine journée, à plus de 30°c, cela aurait été impossible, ils se seraient enfuis.

Une orchidée photographiée à midi, en plein soleil, en Ardèche. La lumière était beaucoup trop dure pour la photo que je souhaitai prendre. J’ai utilisé un fond blanc, pour éviter un fond plein d’herbes très brillantes, et un diffuseur pour atténuer les contrastes. Le fond blanc permet des transitions floues assez douces et le diffuseur préserve les couleurs de la fleur.

150mm, F5.6

La profondeur de champs

Plus la profondeur de champs (la zone nette) de votre photo est importante, plus votre arrière-plan sera lisible, plus elle est faible, plus l’arrière-plan sera flou. La profondeur de champs est contrôlée par l’ouverture de diaphragme et votre distance par rapport au sujet (le rapport de reproduction) :

    • Plus l’ouverture est grande (F2.8 par exemple) plus la profondeur de champs est faible et inversement (F11 donne une profondeur de champs plus importante)

    • Plus vous êtes proche de votre sujet, plus la profondeur de champs diminue. Si F5.6 peut être suffisant à 2 mètres pour avoir un papillon entièrement net, à 50cm, il faudrait plutôt utiliser F11 ou F13 pour le même résultat.

L’ouverture que vous choisissez dépend entièrement de vous, c’est un choix autant technique (le sujet doit être entièrement net ou seulement en partie) qu’artistique :)  

Ce qui est important c’est la progressivité du flou de part et d’autre de la zone nette. Plus on s’éloigne de la zone nette plus le flou est important mais cette transition est progressive et pas 100% net ⇒ 100% flou.

Deux exemples ci-dessous pour illustrer :

  • En passant de F4.5 à F11, le papillon, un gazé, est devenu presque complètement net, ce qui permet d’apprécier tous ses détails. Mais la tige brune claire est aussi devenu beaucoup plus visible et, pour moi, dérangeante. Dans les deux cas, elle est complètement floue, hors de la zone de profondeur de champs. Plusieurs solutions : Cadrer différemment pour ne pas voir la tige, couper la tige, trouver un autre papillon.

  • Pour le sonneur à ventre jaune, fermer le diaphragme à F8 au lieu de F4.5. Même si le crapaud est essentiellement flou, ses contours sont plus lisibles et, pour moi, cela facilite la lecture de la photo (tout est relatif, c’est une photo de crapaud sur une pierre, sa lecture n’est pas compliquée ^^).

Une grande ouverture n’est pas toujours absolument nécessaire pour obtenir un joli fond. Pour ces mélitées, le fond (la forêt) était à plus de 20m et le premier plan collé à la lentille frontale. Avec une grande ouverture, le fond aurait été presque uni alors que c’était faire apparaitre les ronds blanc de lumière passant au travers des arbres qui m’interessait. Et le premier plan se serait transformé en voile blanc moins esthétique.

Pour l’apollon, qui était éclairé par un lumière assez vive, je savais qu’en exposant pour ses ailes blanches, j’allai fortement sous-exposer l’arrière-plan. Il est effectivement ressorti presque complètement noir, masquant d’éventuels éléments gênants.

Le choix de l’ouverture du diaphragme est donc unique à chaque sujet et à chaque photo. Le rendu de l’avant et l’arrière plan se vérifie en appuyant sur le testeur de profondeur de champs (sur un reflex) ou en continue dans le viseur d’un hybride, en changeant l’ouverture.

La focale de l’objectif


La focale détermine ce que votre appareil voit, son champs de vision. Elle s’exprime en millimètre. Plus elle est courte, plus le champs de vision est important, plus elle est grande, plus le champs de vision est restreint. Plus elle est longue, plus l’appareil pourra être placé loin du sujet. Choisir une focale c’est choisir quelles portions de l’avant et arrière plan seront présentes sur la photo.  

Champs de vision de deux objectifs macro

En macro, les objectifs disponibles vont du 50 au 200mm environ, des focales normales à longues, mais en proxy-photo, tout est possible, du 10 au 600mm, le choix est vaste !

Le résultat est que le sujet peut avoir la même taille dans l’image au grand angle et au téléobjectif, mais avec un arrière plan complètement différent !

Un exemple avec ces deux crapauds ci-dessous, crapaud commun photographié au 180mmmm et le crapaud paraguayen au 20mm. Le paraguayen est environ deux fois plus gros que son cousin français. Avec un téléobjectif et un grand-angle, le rendu de l’arrière-plan et de la photo en général est radicalement différent.  

Prise à F1.8, la photo prise au 20mm à un fond flou (du à la grande ouverture) et une profondeur de champs identique ou plus faible que celle prise au 180mm, mais l’angle de champs beaucoup plus large englobe une portion de l’arrière-plan très importante. Les buts du terrain de foot, les arbres et les lampadaires sont reconnaissables bien que complètements flous.

Prise à F3.5, la photo prise au 180mm à un angle de champs beaucoup plus restreint. La portion d’arrière plan photographiée est beaucoup plus petite. Sa couleur permet de reconnaitre des feuilles mais aucune forme ne permet à l’oeil de reconnaitre du premier coup le roncier.

Le 20mm a permis de photographier le crapaud dans son environnement et le 180mm a permis d’isoler le crapaud de son environnement.

Si une longue focale à grande ouverture aide à obtenir un fond flou, cela ne signifie pas qu’elle produise le meilleur fond possible dans toutes les situations. Deux facteurs interviennent également : le point de vue du photographe par rapport au sujet et l’environnement autour de ce sujet.

Le point de vue / la perspective

Prenons l’exemple d’un papillon posé sur une tige, une situation fréquente en photo macro. Si le papillon est proche du sol et qu’il est photographié en plongée, l’arrière-plan est proche du papillon, il va être difficile de le rendre flou, même avec une très grande ouverture. De plus, cet arrière plan est souvent encombré (plantes, feuilles, racines…), beaucoup d’elements vont distraire le regard et l’éloigné du papillon, le sujet principal.

Par contre en se plaçant à la hauteur du papillon, objectif parallèle au sol, l’arrière-plan est beaucoup plus éloigné et donc plus flou.

Le placement par rapport à la lumière est également très important. Se déplacer de quelques centimètres peut changer complètement le rendu de la photo. Ces deux photos d’herbes et de rosée sont prises le même jour, au même endroit, avec le même objectif (200mm F2), les mêmes réglages, à 7h43 (photo de gauche) puis 7h45 (photo de droite).

Celle de gauche est prise face au soleil levant. la lumière rasante frappe directement la lentille frontale, créant une teinte dorée. Le cadrage est en très légère plongée et n’inclu pas le ciel.

Celle de droite est décalée de quelques centimètres. La lumière rasante n’atteint plus directement la lentille frontale. Le cadrage n’est plus en plongée (l’appareil est un peu plus proche du sol et à l’horizontal) et inclu une petite portion du ciel. 

Ces tous petits changements ont modifié le rendu de la photo, sans toucher à la focale ou à l’ouverture.

L’environnement autour du sujet

Prairie fleurie, buisson, bord d’étang… cet environnement ne se maitrise pas mais, comme la lumière, il influence le rendu de la photo. La libellule, une trithémis annelé, est perchée sur une fleur sèche, plus haute que la végétation qui l’entoure, l’avant-plan est complément dégagé et l’arrière plan est loin du sujet. Sur la photo, ils ont donc complètement flous.

Pour le sabot de vénus, c’est tout le contraire, l’environnement est encombré, il y a des herbes devant et derrière, elles apparaissent sur la photo, à des degrés de flous différents en fonction de leurs distance par rapport à la fleur. Quelque soit la façon dont l’appareil est placé, impossible d’avoir un fond uni, il y a trop d’éléments autour de la fleur.

Mais toutes ces herbes et la lumière qui traverse les arbres en arrière-plan, donnent des nuances de couleurs et des formes esthétiques avec lesquelles il est très intéressant de composer la photo. 

Obtenir un fond rempli de ronds lumineux

Les ronds lumineux en arrière-plan sont des sources lumineuses ponctuelles. Elles peuvent prendre plusieurs formes telles que :

  • la lumière passant au travers d’un feuillage

  • les reflets du soleil à la surface de l’eau ou de feuilles réfléchissantes

  • des gouttes de rosées éclairées en contre-jour

  • des éclairages artificiels comme les lampadaires, etc…

Pour obtenir ces ronds, la photo doit être prise en contre-jour puisqu’il faut faire face à la source lumineuse. Un rond bien rond s’obtient en utilisant l’objectif à l’ouverture. En utilisant une ouverture plus petite, le rond va progressivement prendre la forme du diaphragme, un polygone à 9 cotés (pour les diaphragmes à 9 lamelles). Pour un même cadrage, un objectif ouvrant à F1.4 permettra d’avoir des ronds plus gros qu’un objectif à F2,8.

Pour le cadrage est serré, plus les ronds sont de grandes tailles, plus il est large, plus les ronds sont petits. Ce sont ces deux paramètres - distance de mise au point et ouverture maximale - qui déterminent la taille de ces ronds de lumières dans l’arrière-plan.

Voici quelques photos en exemple :

  • L’aeschne mixte au 500mm est à environ 6 ou 7 mètres de moi. Malgré la très longue focale et l’ouverture de F4, les ronds - causés par des reflets du soleil à la surface de l’eau - sont de petites tailles.

  • L’empuse pose devant un arrière-plan ou la végétation reflète le soleil. Le cadrage rapproché et la grande ouverture permettent de plus grands ronds lumineux.

  • Même conditions pour la diane, photographiée à quelques mètres de l’empuse. La distance de mise au point est un peu plus courte donc les ronds sont un peu plus grands.

  • L’escargot se trouve dans une plante couverte de gouttes de rosée brillantes. Plus les gouttes sont proches de la zone de netteté, plus les ronds sont petits et inversement. J’ai du fermer le diaphragme à F6.3 pour diminuer leurs taille et obtenir le rendu souhaité. Résultat, certains montrent la forme des lamelles du diaphragmes.

  • L’anax empereur est posé devant la surface de l’étang. Le reflet le plus lumineux est celui du soleil, les autres ronds sont des reflets sur des plantes aquatiques à la surface de l’eau.

  • Le lys martagon pousse en lisère de forêt. la lumière est celle passant dans les feuillages, une dizaine de mètres en arrière.

  • Les graines de ces graminées se transforment en tâches brillantes dans la lumière rasante du soir. Floues, elles forment autant de ronds lumineux. Les ronds du coin supérieur gauche sont ceux du soleil passant entre les feuilles.

Conclusion

Un bel arrière arrière-plan en photo macro dépend de tous ces facteurs. Si nous n’avons pas beaucoup d’influence sur la lumière et l’environnement du sujet, c’est nous qui choisissons sa focale, son ouverture et le point de vue.

Chaque photo étant unique, il faut changer d’objectif, essayer des cadrages différents en posant l’appareil au sol ou complètement au dessus du sujet ou simplement revenir quand la lumière sera meilleure pour obtenir la photo parfaite !

Les objectifs lumineux, à grande ouverture (F2,8 ou moins), permettent d’obtenir une profondeur de champs plus faible et donc plus de flexibilité, mais il ne sont pas non plus une recette magique pour réussir chaque photo, la qualité de la lumière restant bien plus importante.

J’espère que cet article vous aura apporté quelques éléments pour améliorer vos photos macro et si c’est le cas, dîtes le moi en commentaires !

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