Test du sigma 150mm macro

Dans le monde de la macrophotographie, le 150mm macro sigma a une excellente réputation. Vu comme un bon compromis entre le 105mm, parfois trop court et le 180mm, plus lourd et encombrant, il n’est plus fabriqué aujourd’hui mais se trouve très facilement sur le marché de l’occasion. Voyons ensemble si il peut toujours nous aider à prendre de belles photos macro au printemps 2025 !

J’utilise depuis 3 ans un 150mm F2.8 DG EX HSM macro. Sortit en 2004, cette objectif à été remplacé par une version stabilisée en 2011, à la formule optique similaire. Depuis 2019, cette version n’est pas fabriquée non plus.

Ce 150 mm est une optique macro lumineuse (F2.8), équipée d’un moteur de mise au point interne (HSM) permettant la retouche du point, ne s’allongeant pas durant la mise au point.

Elle est équipée d’un collier de pied amovible, très pratique pour passer du cadrage horizontal à vertical sur trépied, sans détacher l’appareil de la rotule. Il suffit de tourner la molette vers l’avant, pivoter l’appareil et retourner la mollette vers l’arrière pour fixer le collier. Le serrage est très ferme, plus rien ne bouge.

La bague de mise au point est très agréable à utiliser: Elle est large, assez ferme et sa course est suffisamment longue pour permettre une mise au point très précise, parfaite pour régler finement le point au rapport 1/1.

Le pare-soleil en plastique, assez profond, protège bien la lentille frontale des lumières parasites et des branches qui pourraient la rayer.

Le revêtement, type “peau de pêche”, commun à tous les objectif EX de cette époque, vieillit mal et s’effrite avec le temps (la version suivante, stabilisée, a un revêtement plus lisse et resistant). Esthétiquement, mon 150mm macro n’est plus très joli. Heureusement, il reste toujours optiquement aussi bon !

Il mesure 13.7 cm de long, 7.96 cm de large pour un poids de 895g. Il fut disponible dans plusieurs des montures reflex de l’époque : Canon, Nikon, Sigma et Olympus 4/3

Toutes ces montures d’appareils reflex ne sont plus développées aujourd’hui mais il existe des adaptateurs pour utiliser leurs objectifs sur les appareils hybrides actuels.

Attention tout de même : mon 150mm macro est trop ancien pour être mis à jour, son autofocus ne fonctionne pas sur un Nikon Z avec la bague FTZ officielle. D’après le SAV de Sigma, la version suivante, le 150mm macro OS est compatible.

Cependant, ce n’est pas dramatique puisqu’en macro, c’est très souvent la mise au point manuelle qui est utilisée !


Pourquoi choisir un 150mm macro ?

  • La distance objectif - sujet : En macro et proxy-photographie, la distance entre la lentille frontale et le sujet est importante. Plus elle est importante, moins votre sujet risque d’être effrayé et de s’enfuir avant que vous n’ayez pu déclencher. Avec ce 150mm, la lentille frontale se trouvera à 18,6cm du sujet au rapport 1/1 contre 14,2cm pour le 105mm OS. Ces 4 cm peuvent paraitre insignifiant et pourtant ils peuvent faire la différence.

  • Le flou d’arrière plan : plus la focale est longue, plus le champs de vision de l’objectif est restreint et plus l’arrière plan est flou à cadrage égale comme sur ce schéma. Autant en macro (rapports 1/1 à 1/2) cela aura peut d’impact car la profondeur de champs, très faible, donne dans beaucoup de situations un fond complètement flou, autant en proxyphoto, à 1 mètre du sujet cela fait toute la différence entre un joli fond flou et un autre fond, plus encombré. Et le 150mm F2,8 macro sera avantagé par rapport à un 60mm ou un 105mm macro également F2,8.

  • Il est équipé d’un collier de pied et cet accessoire est très très pratique pour passer rapidement d’un cadrage horizontale à vertical sans retirer l’appareil du trépied ou pivoter la rotule.

150mm ou 60mm macro : la différence de cadrage.

Pour illustrer l’avantage du 150mm macro sur un focale plus courte, voici une petite aeschne, taille réelle (6,5cm de long), photographier avec un 60cm macro (à droite) et le 150mm macro (à gauche) à pleine ouverture (F2.8).

Les deux permettent d’obtenir un fond flou mais le champs plus restreint du 150mm permet d’inclure qu’une petite partie de l’arrière plan alors qu’avec le 60mm, au champs plus large, la table basse, le meuble de ma cuisine et le bord du four sont visibles.

Le 150mm permet de plus de flexibilité en choisissant l’arrière-plan : en bougeant de 2cm je peux inclure ce meuble de cuisine ou non. Avec le 60mm, pour ce cadrage, c’est impossible, je dois trouver une autre libellule devant un fond qui me convienne d’avantage.

Enfin, le pare-soleil du 150mm macro est à environ 70cm de la libellule. Celui du 60mm macro est à 23cm : l’approche sera beaucoup plus délicate si elle est un peu farouche !!


Performances

Ce 150mm est il bon ? Vous permettra t’il de ramener de belles photos de vos sujets preférés ?

La réponse courte est : OUI !

Mais voyons les choses plus en détails :

Netteté des photos

le 150mm macro est très performant à toutes les ouvertures sur le capteur de 24 millions de pixels du Nikon Z6 sauf aux ouvertures F22 et F32 où la perte de netteté du à la diffraction est visible.

Sur le capteur de 45 millions de pixel du Nikon D850, plus exigeant, il y a un très léger gain de contraste et de netteté en passant de F2.8 à F4. Cela n’empêche absolument pas d’obtenir des photos très nettes à F2,8. Comme sur le Z6, j’évite de l’utiliser à F22 et F32, la perte de détails étant encore plus marquée.

Vignétage

Aux grandes ouvertures, F2.8 et F4, le vignétage est présent et visible mais jamais génant. Il se corrige en 1 clic sous Lightroom. A partir de F5.6, il est négligeable.

Aberrations chromatiques

Quasi inexistantes même en cas de fort contre-jour et fort contraste. Si jamais vous en trouvez, comme sur l’aile de cette aeschne des joncs, 1 clic dans Lightroom la fait disparaître.

Flou d’arrière-plan

Avec la netteté, c’est le gros point fort de ce 150mm macro : les beaux flous d’arrière-plan !

Plutôt qu’une longue dissertation abstraite, je vous partage plusieurs exemples pris avec des lumières et des arrières-plans différents pour que vous puissiez vous faire votre propre opinion.

Les ronds de lumières (gouttes de rosée en contre-jour par exemple) sont ronds au centre mais prennent une forme ovale dans les coins (effet “oeil de chat”). C’est, pour moi, le seul point négatif, si il faut en trouver un.

Autofocus.

La motorisation HSM est presque silencieuse et plutôt rapide. Rien à voir avec un 70-200 F2.8 mais ce 150mm macro sera capable de suivre une personne marchant vers l’objectif sans problème. Pour plus de réactivité, je vous conseille d’utiliser le sélecteur de plage de mise au point (0,53m - ∞), pour éviter que l’objectif balaye l’ensemble de la plage de mise au point.

Pour les plans rapprochés, j’utilise très peu l’autofocus car je le ne trouve jamais assez précis.

Utiliser le 150mm macro

Plus la focale d’un objectif est longue, plus son utilisation en macro devient délicate et le 150mm n’échappe pas à la règle.

  • vitesse minimum d’obturation : à main levée, je photographie au 1/200 ème grand minimum et je déclenche en rafale pour être sur d’avoir une photo parfaitement nette. Une vitesse de 1/320 ou 1/500 est recommandée.

  • utilisation sur trépied : dès que possible.

  • Explorer plusieurs cadrages : bouger l’appareil de quelques centimètres peut changer toute la composition et l’arrière-plan.

  • Approcher lentement son sujet : même si il permet de se placer plus loin qu’un 50 ou un 105mm, le risque de faire fuir un sujet farouche est toujours très important. Avancer doucement permet de prévisualiser sa photo et d’éviter les herbes et branches sur le parcours qui pourraient faire peur au sujet en bougeant.

Conclusion

Le Sigma 150mm F2.8 EX macro est une superbe optique pour la macro et la proxy photo ! Il est certes plus gros et lourd qu’un 105mm mais il apporte en échange une distance de travail plus confortable, des flous d’arrière plan plus marqués, un collier de pied qui facilite énormément le passage vertical / horizontal sur trépied le tout avec une superbe qualité optique !

La seule raison de le changer pour moi, serait de le remplacer par la version stabilisée pour gagner en flexibilité à main levée. Il est dommage qu’aucune marque (à l’exception du 150mm IRIX, sans AF) ne produise de 150mm ou de 180mm macro. Ce sont des objectifs très spécialisés mais irremplaçables pour photographier les insectes farouches !

Heureusement, le 150mm F2.8 macro est bien présent sur le marché de l’occasion à moins de 300€. Un rapport excellent qualité / prix pour tout photographe de nature :)

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