Test du Nikon AF-S NIKKOR 105mm f/1.4E ED : une optique d'exception !
Mon retour sur ce petit téléobjectif ultra-lumineux en photo nature
Depuis quelques mois j’utilise avec grand plaisir le Nikon AF-S NIKKOR 105mm f/1.4E ED en photo nature, de paysage et en astro-photographie.
Mais quel résultats espérer d’une optique surtout destinée au portrait, dans un domaine complètement différent ? C’est ce que nous allons voir !
Nikon AF-S NIKKOR 105mm f/1.4E ED, presque aussi large que long : c’est une belle optique !
Introduction
Disponible depuis mi-2016, ce téléobjectif ultra lumineux de 105mm fait partie des dernières optiques de Nikon pour la monture F, la monture des appareils reflex de la marque.
Une telle ouverture de F1,4 fut une première pour une focale de 105mm ! Il sera ensuite suivi par sigma avec un 105mm et zeiss avec un 100mm, ouvrant tous les deux à F1,4.
A première vue, cet objectif se destine surtout à la photo de portrait. Sa focale un peu longue permet de cadrer les visages sans trop de déformations et la grande ouverture offre une faible profondeur de champs et de beaux flous d’arrière-plan.
Mais est il adapté à la photo de nature ?
Présentation de l’optique
Avec quasiment 1 kilo sur la balance (985g), il se fait sentir, en main et dans le sac photo. Et ses 10cm de long sur 9,4cm de diamètre ne le feront pas passer inaperçu sur l’appareil photo.
Mais bon, les optiques très lumineuses sont rarement compactes ou discrètes, c’est ainsi ;)
La construction est excelente. Le plastique est très présent mais rien ne bouge, l’ensemble respire la solidité !
Le pare-soleil est en plastique léger et n’est absolument pas digne de l’objectif. La fixation est correcte sans plus, je dois souvent m’y reprendre à deux fois pour l’installer. Au moins, si l’objectif tombe pare-soleil en avant, c’est celui-ci qui cassera et le remplacer ne coutera pas trop cher !.
L’optique est très dense ! Le poids des 14 lentilles concentrées dans ces 10 cm me donne l’impression qu’il pèse plus lourd qu’en réalité.
La bague de mise au point est fluide, large, agréable et suffisamment ferme pour permettre une mise au point fine et précise. Je l’utilise avec plaisir.
Il n’y a pas de bague de diaphragme, comme depuis de nombreuses années sur les objectifs nikkor et le diaphragme est électromagnétique (le “E” dans la dénomination de l’optique). Il est donc d’avantage réactif et précis lors des prises de vue en rafale rapide que l’ancien système à commande mécanique mais, en contre-partie, l’objectif n’est pas compatible avec les anciens boitiers reflex de la marque.
Il faut au minimum un D3 ou un boitier de la même génération (2007). Sinon, le 105mm ne sera utilisable qu’à pleine ouverture et il ne sera pas possible de fermer le diaphragme
Il n’y a pas de boutons ou de bagues programmables le long du fut. Simplement l’interrupteur autofocus-mise au point manuelle sur le coté gauche et la fenêtre des distances sur le dessus.
J’utilise ce 105mm F1,4 monté sur un nikon Z6 avec la bague FTZ. l’ensemble est un peu déséquilibré et penche vers l’avant. Je tiens d’avantage l’optique que l’appareil. Ce n’est pas trop désagréable mais un grip vertical ou un boitier monobloc professionnel permettrait de rétablir l’équilibre (au prix d’encore plus de poids !!).
Je vous mets ici les caractéristiques techniques de cet objectif :
Focale : 105 mm
Ouverture maximale : f/1.4
Ouverture minimale : f/16
Construction optique : 14 lentilles en 9 groupes
Angle de champ : 23°10'
Distance minimale de mise au point : 1 m
Rapport de reproduction maximal : 0,13×
Nombre de lamelles de diaphragme : 9 (diaphragme circulaire)
Diamètre de fixation pour filtre : 82 mm
Diamètre x longueur : Environ 94,5 mm x 106 mm
Poids : Environ 985 g
Autofocus - mise au point
Liane en fleur, nikon 105mm F1,4.
Un bon exemple des flous qu’il est possible d’obtenir avec cette optique tout en gardant une excellente netteté sur le sujet.
Monté sur le nikon Z6, l’autofocus est très très précis. Les capteurs AF disponibles sur toute la surface de l’image, jusque dans les coins permettent de faire une mise au point précise partout facilement.
En photo de portrait (j’en ai pris quelques unes même si elles ne sont pas visible dans cet article), l’AF par detection de l’oeil fonctionne très bien et très précisément. J’ai eu un taux de réussite de presque 100% sur du portrait statique à pleine ouverture.
Avec des personnes en mouvement, ce fut plus difficile mais c’est surtout mon grand manque d’expérience dans cette pratique photo qui en est la cause je pense.
La mise au point manuelle est facile, rapide et agréable grace au zoom sur l’écran du boitier et à la bague de mise au point large et suffisamment ferme.
Le 105m F1,4 en photo nature
Apollon dans le soleil couchant. Nikon 105mm F1,4.
La très grande ouverture permet d’obtenir un soleil de grande taille tout en cadrant assez large pour incorporer des éléments autour du sujet.
Avec un 105mm macro ouvrant à F2,8, le soleil serait plus de deux fois plus petit et le flou autour du papillon moins prononcé.
Ce qui m’a attiré dans cet objectif c’est la combinaison entre la très faible profondeur de champs qu’il est possible d’obtenir grace à son ouverture de F1,4 et la qualité de l’image à cette ouverture.
Beaucoup d’optiques à portrait des générations précédentes ont des performances modestes aux plus grandes ouvertures, créant des images plus douces, moins contrastées, aux fins détails moins marqués, ce qui convient très bien pour lisser les petites imperfections de la peau ou créer une ambiance un peu vaporeuse.
Mais, personnellement, ce n’est pas ce que je recherche en photo nature. J’aime quand mon sujet est net et bien détaillé. Et cela tombe bien, car ce 105mm f1,4 permet cela !
Avec sa distance minimum de mise au point de 1m, ce n’est pas une optique pour faire des gros plans.
Je l’utilise pour photographier mon sujet en plan large ( voir très large ) tout en le détachant bien du fond, plus que si j’utilisai mon 150mm macro ouvrant à 2,8 au maximum.
L’usage est donc assez spécifique mais il m’a permit d’obtenir des images que je n’aurai pas pu prendre sans lui.
Je vais détailler cela en 3 catégories : photo rapprochée, photo à quelques mètres et paysage.
Photo rapprochée :
A 1 m à F1,4, la profondeur de champs est de moins d’1 cm et le sujet se détache parfaitement. Mais, sur mon exemplaire, je constate une baisse de netteté à cette distance et je dois fermer à F2 ou F2,5 pour retrouver d’avantage de netteté et de contraste.
La situation s’améliore nettement au alentour de 1,5m / 1,8m.
C’est un phénomène que j’ai rencontré sur quasiment toutes mes optiques non macro : à cause de l’absence de lentilles flottantes, les performances optiques baisses à la distance minimum de mise au point et c’est souvent pire avec des bagues allonges.
En reculant à peine, entre 1,5m et 2m, les choses s’améliorent sensiblement et la pleine ouverture est totalement utilisable. La profondeur de champs est toujours très fine et le sujet se détache très bien du fond !
Epipactis des marais, 105mm F1,4
A cette distance, entre 1m et 1,3m, les performance optiques diminuent et il faut mieux fermer à F2 voir F2,8 pour un piqué optimale.. Le flou est par contre superbe.
Photo à quelques mètres :
rien à dire ici, c’est parfait. Comme précédemment, il faut faire très attention à la précision de la mise au point.
Orchidée épiphyte, 105mm, F1,4
Comment faire ressortir un sujet vert et jaune se trouvant devant un fond vert et jaune ? Par exemple avec la très faible profondeur de champs permise par le nikon 105mm F1,4.
Photo de paysage :
Ici, l’optique se comporte comme un petit téléobjectif classique, très utile en photo de paysage pour aller chercher des détails et changer des prises de vue au grand angle. Mais il offre en plus, de se servir de la grande ouverture pour flouter le premier plan et obtenir des résultats différents !
Et les performances optiques à F1,4 étant déjà très élevées jusque dans les coins, les plus fins détails seront présents sur la photo !
La petite maison au bord du lac. 105mm F1,4.
Je me suis servit de la grande ouverture pour flouter le premier plan et créer un “cadre dans le cadre”.
Les performances optiques sont suffisamment bonnes pour que la forêt fourmillent de détails !
Astrophotographie.
Et avec sa grande ouverture et ses très bonnes performances, que donne le 105mm F1,4 en astrophotographie ?
Et bien il fonctionne bien ! Je l’utilise sans arrière-pensée à pleine ouverture comme vous pouvez le voir la photo si dessous (il s’agit d’un empilement de plusieurs photos pour réduire le bruit. Aucun traitement à l’exception de la correction du vignétage).
Je l’ai utilisé soit seul sur trépied, soit monté sur une monture équatoriale qui me permet des temps de pose plus important. Dans ce deuxième cas, je ferme à F2 pour gagner un peu de performance dans les coins et diminuer le vignétage.
Alors cette optiques a elle des défauts ?
Je lui trouve un seul défaut : le vignétage aux grandes ouvertures. A F1,4, il est, très visible (voir l’exemple ci dessous). A F2 il est toujours présent mais plus raisonnable et à partir de F2,8 il n’est plus gênant.
Sa correction se fait en deux clics sous Lightroom ce qui, pour moi, n’en fait pas un problème vraiment gênant. Parfois même, je ne corrige pas ce vignétage car il attire l’oeil vers le centre de l’image, plus lumineux, ou se trouve souvent le sujet. Mais ce n’est pas toujours le cas.
Les autres défaut serait sa taille et son poids mais ces deux éléments sont marqués dans la fiche technique, pas de surprise de ce coté.
Enfin, son prix. Au lancement, le prix officiel était de 2299€ ce qui en fait une optique assez exclusive !!
Aujourd’hui, le prix neuf a à peine diminué mais il est disponible d’occasion (c’est d’ailleurs comme cela que j’ai acheté le mien) deux fois moins cher. Et avec l’arrivée du nouveau 85mm F1,2 en monture Z, il est possible que son prix en seconde main baisse un petit peu plus !
Conclusion
Le 105mm F1,4 nikkor est une optique spécialisée, relativement lourde, encombrante, peu polyvalente et chère.
Mais elle permet des photos nature qui seraient difficiles à obtenir sans elle, avec de très beaux flous, une profondeur très faible et un niveaux de netteté fantastique !
A vous les prises de vue dans le noir complet (j’exagère un peu), les portraits sous les étoiles, les plans larges où le petit sujet ressort de l’image même avec un environnement encombré…
Bref, vous l’aurez compris j’aime beaucoup cette optique. Elle se sort pas du sac à chaque sortie, mais quand elle sort, c’est toujours un plaisir !
Merci de m’avoir lu ! Vous trouverez ci-dessous d’autres photos prises avec cet objectif. N’hésitez pas à laisser un commentaire si cet article vous a plu et / ou si vous souhaitez me poser une question :)
